dimanche 22 avril 2018

Un conte et sa leçon

Une histoire d'origine chinoise racontée par Alexandre Jodorowsky. Dans "La sagesse des contes", il nous présente le conte suivi de la leçon que l'on peut en tirer. C'est souvent utile et parfois je ne tire pas la même leçon que lui mais ici, c'est assez simple à comprendre. Je vous livre néanmoins le conte et sa morale !



Le jeune peintre

"Un jeune homme, voulant devenir artiste peintre, vient trouver un grand maître. Celui-ci lui demande de peindre et d'apporter son tableau. Lorsqu'il l'a terminé, le jeune homme le montre au vieux, qui lui dit :
"Qu'en penses-tu ? As-tu réussi ton oeuvre ?
_ J'attends que vous me le disiez, répond le garçon, pas très sûr de lui.
_ Tu n'y es pas encore arrivé !"
Tristement, le garçon retourne dans sa chambre et commence un autre tableau. Lorsqu'il le termine, il revient voir le vieux.
"Qu'en penses-tu ? As-tu réussi ton oeuvre ?
_ J'attends que vous me le disiez.
_ Tu n'y es pas encore arrivé !"
La même scène se répète ainsi pendant plusieurs années. Un jour, enfin, l'élève a la sentiment d'avoir réalisé une peinture qui a de la valeur. Satisfait, il la porte à son maître. Celui-ci l'examine attentivement, puis comme toujours, il lui demande :
"Qu'en penses-tu ? As-tu réussi ton oeuvre ?
_ Cette fois, je crois que je l'ai réussie, mais j'attends que vous me le disiez.
_ Je dois y réfléchir, étudier ton tableau. Reviens demain."
Tout heureux, le jeune peintre va au café où se réunissent les autres élèves et commente avec chacun les qualités de son oeuvre. L'un d'eux lui dit :
"Je ne vois pas pourquoi tu es tellement content de toi. Je viens de parler avec le vieux et il n'a pas cessé de critiquer ton tableau. D'après lui, il n'a aucune valeur."
Le peintre, furieux, court à la maison du maître et, le voyant, il lui crie :
"Comment pouvez-vous parler ainsi de mon tableau ? C'est injuste : je suis sûr que vous savez qu'il est réussi, c'est une oeuvre d'art ! Je n'admets pas que vous le démolissiez ! Je n'admets pas que vous disiez du mal d'un tableau que j'aime !"
Le vieux sourit et lui répond :
"Enfin, tu y es arrivé !"




Lorsque, dans une lecture du Tarot, une personne me demande :
"Est-ce que j'aime cette personne ?" je lui réponds : "Comment peux-tu demander à des bouts de carton imprimé de te dire si tu aimes ou non ? Si tu aimais vraiment, l'univers entier aurait beau te dire que c'est faux, tu ne cesserais pas pour autant d'éprouver ce sentiment ! Si tu n'en n'as pas l'intime certitude, ton amour n'est pas véritable !"
Tant que le jeune peintre se préoccupe de ce que l'autre pense de son oeuvre, il ne croit pas en lui-même. Il n'a pas de certitude... Il s'agit de vaincre le grand juge implacable que la famille, la société et la culture nous ont implanté dans le cerveau. Plus important que le jugement des autres, il y a le jugement que nous portons sur nous-mêmes. Qu'importe qu'on nous dise que ce que nous faisons est mauvais, ce qui importe, c'est que nous aimions notre oeuvre ! La plus grande oeuvre d'art consiste à développer notre âme. Et pour cela, nous devons apprendre à nous aimer.



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