dimanche 28 août 2016

Fin d'été zen

Après cet été où la méditation m'a accompagnée sous diverses formes ( pratique, discussions, lectures), voici quelques phrases pour prolonger ces moments et peut-être aussi un peu l'été...




Maître Dogen vécut au XIIIe siècle au Japon et fut un maître zen renommé. Selon lui, la pratique du zazen consiste à seulement s'asseoir dans une posture exacte sans rechercher quoi que ce soit, en laissant passer les pensées comme des nuages dans le ciel.

"Les éveillés ainsi venus possèdent tous un art subtil, suprême et infabriqué pour transmettre directement le merveilleux dharma et réaliser l'éveil suprême. S'il est trans mis sans altération d'un éveillé à un autre, c'est qu'il a pour norme le samadhi ou recueillement, que l'on expérimente par soi-même. Pour s'ébattre dans ce samadhi, l'assise droite dans la pratique du zen est la véritable porte d'entrée.   :Maître Dogen 




Pour continuer avec le zazen, un roman écrit par Ruth Ozeki : En même temps toute la terre et tout le ciel évoque le zazen avec beaucoup de simplicité et nous montre les simples bienfaits qu'il peut apporter aux personnes ordinaires, celles qui n'ont pas atteint l'eveil ou sont sur la voie. L'histoire se passe au Japon et nous suivons une jeune fille, Nao, à travers des cahiers apportés par la mer jusqu'au Canada et découverts par une romancière. Vie très difficile que celle de cette jeune fille : un père suicidaire, une mère renfermée, elle se fait harceler à l'école. Heureusement, elle a sa grand-mère Jiko, une nonne bouddhiste zen, qui l'aidera à vivre. L'écriture simple et pleine d'énergie nous conduit sur les chemins de la beauté de la vie dans ce petit temple bouddhiste. Je reproduis ici ce paragraphe sur la pratique du zazen, mais le sujet du livre est beaucoup plus vaste.




La pratique du zazen (Ruth Ozeki - En même temps toute la terre et tout le ciel)

Pour commencer, vous devez vous asseoir. Si l'on veut respecter la tradition, il faut s'asseoir sur un zafu, par terre, en tailleur, mais vous pouvez rester sur une chaise si vous préférez. L'important, c'est de vous tenir droit et de ne pas prendre appui sur quoi que ce soit.

Maintenant, placez vos mains sur vos cuisses de manière à ce que le dos de votre main gauche repose sur la paume de votre main droite et que l’extrémité de vos pouces se rejoigne pour former un petit cercle. Le point de rencontre de vos pouces doit se situer au niveau de votre nombril. Jiko  dit que cette position des mains s'appelle hokkai-jo-in, et qu'elle symbolise l'ensemble de l'univers cosmique que vous tenez comme un œuf bien rond.
Ensuite, détendez-vous, ne bougez plus. Concentrez-vous sur votre respiration, mais sans forcer. Il ne s'agit pas de réfléchir à la manière dont il faut respirer, mais pas non plus de ne pas réfléchir. Un peu comme quand vous êtes assis sur la plage et que vous regardez les vagues glisser sur le sable ou des enfants qui jouent au loin. Vous avez conscience de tout ce qui se passe, à la fois à l'intérieur et à l'extérieur de vous, et parmi ces choses-là, il y a votre respiration. Voilà, vous y êtes presque."
Puis elle nous explique comment compter nos respirations, et qu'il convient de recommencer inlassablement chaque jour.

Le bouddhisme zen ne parait pas toujours aisé à comprendre, en particulier pour nous, êtres ordinaires Ce qui est promis aux êtres extraordinaires est au-delà des simples bienfaits de la méditation :

"Les êtres ordinaires regardent l'extérieur, les adeptes de la voie se tournent vers l'intérieur, mais le vrai dharma est au-delà. Les hommes ont peur de lâcher  leurs pensées, craignant de tomber dans le Vide avec rien où s'accrocher pour arrêter leur chute. Ils ne savent pas que le Vide n'est pas réellement vide mais qu'il est le royaume du Bouddha !"

Huang-Po




Et pour finir et relativiser, ne cherchons pas trop loin lorsque nous méditons, nous ne sommes pas, pour la plupart d'entre nous, des moines et des nonnes zen :

S'il suffisait de rester assis en méditation

Pour obtenir l'Eveil
Il y a longtemps que les grenouilles
Seraient illuminées !
Proverbe zen

Nous ne savons plus habiter le présent, nous dit Fabrice Midal. La méditation nous aide à voir le mystère de ce qui est là. Le mystère d’être assis, le mystère de boire un verre d’eau, le mystère d’avoir les yeux ouverts et de regarder le monde en le laissant être pleinement...

mercredi 3 août 2016

Un stage intense



Une semaine pour découvrir Lilith ou l'intensité d'être, voilà ce qui nous était proposé. En Ardèche, dans ce beau lieu qui s'appelle Existence, près de la rivière et sous les grands arbres protecteurs. Une semaine pour être dans la nature et nous y sentir intégrés, avec la sérénité que procure ce lieu. 
La nature sauvage dont il est question avec Lilith n'est pas toujours accueillante, la sécurité n'y est pas connue. Il faut donc être à chaque instant dans l'attention mais elle peut aussi nous accepter et nous offrir des moments de magie.



Nous devions trouver en chacun de nous ce que Lilith nous avait enlevé, le manque qu'elle nous avait laissé et comment nous le remplissions. Nous préférons souvent combler ce puits sans fond en nous que de le laisser être en dehors de notre volonté, par le mystère du mythe de Lilith.
Nous sommes passés de la souffrance à la joie, revivant nos expériences douloureuses du manque puis redevenant soudain joyeux et insouciants.
Nous retrouvions ainsi l'esprit des débuts de l'humanité, quand l'homme qui vivait dans la nature n'avait rien, devait souvent subir les éléments et le manque et puis soudain, éclatait de joie lorsqu'un miracle s'accomplissait et que la tribu avait à manger pour plusieurs jours.
Lorsque la magie opère, nous découvrons en nous la source de vie, qui s'écoule à travers nous et nous inspire.
Nous avions des guides sur le chemin de Lilith : Sylvie, pour qui l'inspiration de Lilith est une évidence qu'elle nous a fait partager, et Eliane qui nous entourait de sa présence bienveillante lorsque nous flanchions ou que l'émotion devenait intense. Jean-Philippe nous a conduit grâce à la musique à travers ces espaces où les mots n'ont pas toujours de sens. Et nous avons été bercés par les poèmes de Zeno Bianu, un poète qui incarne l'esprit de ce que nous vivions.



Voici un de ses poèmes ( extrait de Rituel d'amplification du monde):


Je commencerai par être 
un verbe 
sans limites
un langage où rien ne serait dit
mais tout pressenti 
dans le monde visible
et nulle part ailleurs 
un grain de sable 
qui dialogue avec les dieux 
une élévation 
dans l’affection et le bruit neufs 
un miracle inouï 
sous le soleil de la conscience 
je commencerai par être 
en devenant ce que je suis



Ou encore ce texte si proche de ce que nous avons vécu cette semaine :

"Tout est là. Tout commence avec la Nuit étoilée. Ce que tu cherches au plus obscur, ce que tu cherches sans chercher. Ce qui te traverse. Un abandon au monde. Et peut-être même un abandon de l’abandon. Tout est là. La nébuleuse spirale, les onze étoiles centrifuges et le croissant de soleil-lune, vestige d’éclipse, bouche de blessure-joie. Tout est là. Avec cette formidable force de réenchantement. Ecoute. C’est la vie même, qui veut la nuit comme le jour. C’est la vie comme une naissance continue. Combien de naissances dans une vie ? " (Le battement du monde - Zeno Bianu)

Le chemin de Lilith est un chemin d'initiation. Il peut nous ouvrir la porte pour peu que nous laissions notre volonté et notre ego de côté pour écouter ce que la vie a à nous offrir. Nous étions vingt-cinq, et chacun de nous a vécu une aventure inoubliable au sein de ce groupe.




Je vous conseille également le film : La tortue rouge, dont sont extraites les images, un très beau conte initiatique qui nous conduit sur ce chemin de l'être.