dimanche 29 mai 2016

Nuit de juin


Nuits de Juin

    L’été, lorsque le jour a fui, de fleurs couverte
    La plaine verse au loin un parfum enivrant ;
    Les yeux fermés, l’oreille aux rumeurs entr’ouverte,
    On ne dort qu’à demi d’un sommeil transparent.

    Les astres sont plus purs, l’ombre paraît meilleure ;
    Un vague demi-jour teint le dôme éternel ;
    Et l’aube douce et pâle, en attendant son heure,
    Semble toute la nuit errer au bas du ciel.
    Victor Hugo - Les contemplations

    Le 10 juin, nous avons rendez-vous pour une soirée étoilée.
    Ce rendez-vous de début d'été est devenu rituel. Il y a quelques années, nous faisions la fête à Grenoble et puis la tradition s'est un peu perdue et dorénavant, nous faisons la fête avec les étoiles. Il nous faut pour cela nous éloigner un peu de Grenoble, pour échapper aux pollutions lumineuses de la ville et monter à 700 mètres, en Chartreuse, au col de la Placette. Sylvie Lafuente Sampietro nous conduit alors vers la prairie d'où le ciel peut se laisser admirer de tous côtés.
    Et puisque le soleil ne se couche pas très tôt, nous pouvons attendre qu'il disparaisse pour laisser la place aux étoiles tranquillement, en pique-niquant et en admirant le ciel de la fin du jour.
    Le spectacle prend ensuite le pas sur les échanges conviviaux dans l'herbe. Découvrir petit à petit l'apparition des étoiles est une expérience merveilleuse.

    "Je regarde les étoiles. Pour savoir leurs noms, je fais flamber une allumette-bougie, et je regarde mon atlas astronomique. Mais, l'allumette éteinte, les yeux éblouis, je ne reconnais plus, au ciel, l'étoile dont j'ai trouvé le nom."
    Journal de Jules Renard

    Pour nous, pas besoin d'atlas, les noms des étoiles nous sont donnés par Sylvie et c'est beaucoup plus facile !

    Et lorsque nous redescendons de notre prairie après nous être immergés dans le ciel, elles sont partout et ont envahi tout l'espace au-dessus de nous. nous ne voyons plus la nuit comme auparavant, nous sommes juste devenus de petites étoiles parmi les étoiles.



    Quand la lune apparaît

    Quand la lune apparaît dans la brume des plaines,
    Quand l'ombre émue a l'air de retrouver la voix,
    Lorsque le soir emplit de frissons et d'haleines
    Les pâles ténèbres des bois,

    Quand le boeuf rentre avec sa clochette sonore
    Pareil au vieux poète, accablé, triste et beau,
    Dont la pensée au fond de l'ombre tinte encore
    Devant la porte du tombeau,

    Si tu veux, nous irons errer dans les vallées,
    Nous marcherons dans l'herbe à pas silencieux,
    Et nous regarderons les voûtes étoilées ;
    C'est dans les champs qu'on voit les cieux !

    Nous nous promènerons dans les campagnes vertes ;
    Nous pencherons, pleurant ce qui s'évanouit,
    Nos âmes ici-bas par le malheur ouvertes,
    Sur les fleurs qui s'ouvrent la nuit !

    Nous parlerons tout bas des choses infinies.
    Tout est grand, tout est doux, quoique tout soit obscur !
    Nous ouvrirons nos coeurs aux sombres harmonies
    Qui tombent du profond azur !

    C'est l'heure où l'astre brille, où rayonnent les femmes !
    Ta beauté vague et pâle éblouira mes yeux.
    Rêveurs, nous mêlerons le trouble de nos âmes
    A la sérénité des cieux !

    La calme et sombre nuit ne fait qu'une prière
    De toutes les rumeurs de la nuit et du jour,
    Nous, de tous les tourments de cette vie amère
    Nous ne ferons que de l'amour !

    Victor Hugo - Toute la lyre

    Pensez à vous inscrire sur assoc.altair@gmail.com

dimanche 22 mai 2016

Patience

La patience ne semble pas être une qualité appréciée de nos jours.
Avec le tout, tout de suite et l'efficacité immédiate attendue de chacune de nos actions, il ne reste plus guère de place pour cette vertu qui était pourtant jadis primordiale.
Malgré tout, un certain retour à la simplicité et à un mode de vie plus proche de la nature devrait nous rapprocher de la patience.
Car la nature, elle, connait la patience et les cycles qui durent.
Commençons avec ce poème de François Cheng :




A la pierre

Nous ne faisons que passer,
Tu nous apprends la patience,
D'être toujours le témoin
De l'univers à son aube,
D'être l'élan du Souffle même,
Soutien sans faille des vivants,
Toujours présence renouvelante
Entre laves et granits,
N'espérant ni fleur ni feuille,
Ni fruit ni luxuriance,
Tu tiens le nœud des racines,
Contre tous les ouragans.

Bien sûr, nous retrouvons aussi Christian Bobin et son rapport au temps si particulier :

Tout simplement, j'attends. Sans impatience. C'est la seule sagesse que je me connaisse.
L'attente, une sagesse?
Oui, l'attente. Parce que je sais, d'expérience, que les portes fermées vont se rouvrir.
Comment peut-on attendre sans impatience?
J'attends à la façon du pêcheur au bord de l'eau, vous voyez? Il n'y a pas de prise, il n'y a rien, il n'y a pas une ride sur l'eau, la lumière du ciel décroît, il commence à faire frais mais j'attends. Je sais que rien n'est vain, même ces jours-là. Aujourd'hui, nous commettons presque tous la même erreur : nous croyons que l'énergie, c'est la vérité. Certes l'énergie est nécessaire... mais il y a une mauvaise énergie.
Laquelle?
La mauvaise énergie est celle qui consiste à essayer de forcer les chemins du ciel. La mauvaise énergie est celle qui veut accélérer chimiquement les battements du coeur. La mauvaise énergie, c'est vouloir tout tout de suite, les applaudissements avant même d'avoir commencé l'effort... Notre époque veut du survitaminé. Elle a oublié la lenteur. J'essaie, par les livres que j'écris, de retrouver cela, de faire revenir la lenteur.  Christian Bobin





Et la patience s'apprend aussi, pour laisser les choses advenir :


Ces jours qui te semblent vides
Et perdus pour l’univers
Ont des racines avides
Qui travaillent les déserts
[...]
Patient, patience,
Patience dans l’azur!
Chaque atome de silence
Est la chance d’un fruit mûr!
[...]
Paul Valéry   Patience dans l'azur



"Adopte le rythme de la nature, son secret est la patience." nous dit R.W. Emerson

dimanche 15 mai 2016

La vie, toute simple



La beauté de la vie toute simple : Christian Bobin en est le poète. Il sait si bien rendre poétique un instant de vie qu'il nous aide à redécouvrir le monde qui nous entoure.
Dans un de ses articles il parle de Ryôkan et de son bol. Ce n'est pas étonnant car ces deux-là ont des points communs. il ne m'en n'a pas fallu plus pour relire les poèmes de Ryôkan, poète japonais qui vécut de 1758 à 1831.
Lui aussi aimait la vie simple : pendant 30 ans, il vécut dans un ermitage.  
Lorsque la nourriture venait à manquer, Ryôkan prenait sa canne, sortait par la porte déjà entrouverte, et s’en allait mendier sa nourriture. Portant un bol à aumônes, il se promenait fièrement en ville. Les enfants le remarquaient tout de suite. « Le moine fou de la montagne est aujourd’hui de retour », criaient-ils joyeux,  et ils venaient vers lui en grappe. Ils l’acco­mpa­gna­ient, et sa marche devenait plus lente, son attitude plus folâtre. Laissant le bol sur une pierre, il accroc­hait sa besace sur la branche d’un arbre, et jouait au ballon avec eux, oubliant le lever du jour et la tombée de la nuit.
Les poèmes du Moine fou est de retour retracent cette vie en accord avec la Nature. Il y fait l'éloge des gestes quotidiens, d'une vie simple et pleine parce que vide de désirs inutiles.

Au début de ce recueil, il raconte son existence dans cet endroit retiré :




« jeune je jetai mon pinceau et ma pierre à encre
en secret j'enviais les hommes qui renoncent au monde
avec une gourde et un bol,
je partis en pèlerinage, je ne sais combien
de printemps
puis je suis rentré, au pied des cimes abruptes
j'ai choisi une hutte tranquille et vis
dans le dénuement
j'écoute les oiseaux, ils tiennent lieu de musique
à cordes et de chansons
je regarde les nuages, ce sont mes quatre voisins
au pied d'un rocher coule une source limpide,
je vais y rincer mon linge
sur la crête il y a des pins et des cyprès,
ils me fournissent du bois pour me chauffer
à l'aise, je suis vraiment à l'aise
allègre je chante cette belle matinée

j'ai construit un abri au pied d'un pic émeraude
je me nourris humblement, ainsi pour le restant de ma vie
assis nonchalamment en me tenant les genoux,
au loin, dans les montagnes au crépuscule, le son d'une cloche »





dimanche 8 mai 2016

Beauté surprise




En route ce week-end pour un stage de taï-chi-chuan dans le Vercors, je me suis fait surprendre par la beauté des paysages, la pureté des couleurs et la tranquillité qui se dégageait des villages.
Pratiquer dans ces conditions était un vrai bonheur, bien différent de celui que nous éprouvons à Grenoble dans notre gymnase, même s'il est très lumineux et plein d'énergie et de vie.
Nous avons peu d'occasions de nous exercer en plein, air, il faut donc profiter pleinement des occasions qui nous sont offertes.


Pour rester dans cet émerveillement devant la nature printanière, ce poème de Friedrich Hölderlin reflète ce sentiment de gratitude et de remerciement que j'ai ressenti là-haut, dans le Vercors.

"Le soleil resplendit, ils fleurissent les champs,
Les jours viennent, abondant de fleurs avec douceur,
Le soir fleurit aussi, et des jours éclatants
Descendent du ciel où des jours pointe la lueur.

L'année apparaît avec le temps des saisons
Comme cette magnificence où les fêtes se font,
Pour les hommes l'activité s'ouvre à des fins nouvelles,
Tels sont les signes de par le monde : foison de merveilles.

Friedrich Hölderlin (Le printemps VIII) cité par Fabrice Midal dans "Etre au monde. 52 poèmes pour apprendre à méditer



dimanche 1 mai 2016

L'astrologie pour se découvrir

Thème de la conférence


La conférence de Sylvie Lafuente Sampietro du 22 avril nous proposait de nous découvrir à travers l'astrologie.
Et nous sommes partis à la recherche de ce que la symbolique astrologique pouvait nous faire connaître de nous-mêmes. La métaphore du royaume est toujours parlante pourvu que nous nous laissions pénétrer par le symbole de chaque planète. Tout part de l'idée que le thème natal est un mandala qui représente notre personnalité et que chaque planète symbolise une partie de notre psyché.
Le soleil, notre roi, représente ainsi notre vitalité, notre créativité, nos désirs ... Il est à l'origine de nos projets. La lune, notre reine, s'occupe de nos besoins quotidiens, nos talents naturels, notre façon de prendre soin...Elle est à l'origine de nos rêves. Et ainsi pour les 10 planètes du système solaire.
Pour chacun de nous, ces parties figurées par les planètes vivent dans des énergies différentes symbolisées par les signes du zodiaque.




Ces énergies s'incarnent à travers les maisons astrologiques qui sont nos champs d'expérience.
Il reste ensuite à comprendre les relations entre les différentes parties : ce sont les aspects qui nous permettent de raconter l'histoire de ce royaume.

"Le thème est le mandala d'une vie individuelle, nous dit Dane Rudhyar. C'est le schéma que suivra l'individu pour parvenir à l'individuation.
Le suivre intelligemment, c'est suivre la voie consciente, la voie de la plénitude, la voie de la réalisation dynamique."




Cette correspondance entre les planètes et notre psyché soulève toujours la question du sens à lui donner : mais il s'agit de synchronicité, pas de sens donné aux planètes. Qu'est-ce que la synchronicité ? Quelque chose se passe sans lien de causalité et l'événement fait sens avec ce que je vis.

« J’entends par synchronicité les coïncidences, qui ne sont pas rares, d’états de fait subjectifs et objectifs qui ne peuvent être expliquées de façon causale, tout au moins à l’aide de nos moyens actuels » (C.G. Jung)

Le phénomène de synchronicité est déstabilisant puisqu'il ne s'agit pas d'une cause produisant un effet mais d'un événement qui vient se produire et qui donne sens à ce qui se passe dans notre vie. Nous en connaissons tous des exemples qui souvent nous laissent perplexes.





L'astrologie n'est pas une croyance, c'est une pratique, et il n'est pas besoin de croire pour l'utiliser et vérifier par soi-même si elle fonctionne. A chacun de se faire son idée...
La conférence balayait tous ces thèmes et remettait l'astrologie dans un cadre clair. en faisant appel à notre intelligence autant qu'à notre ressenti.
Une belle introduction à l'astrologie humaniste appliquée...