dimanche 22 novembre 2015

Espérance et liberté

Après avoir écouté la belle émission de Jean-Claude Ameisen de samedi dernier, j'ai voulu reprendre ici certains des textes, tout simplement pour les partager.
Il y est question  de souffrance, de liberté, et d'espérance.
Ce qui est frappant, c'est que ces textes nous viennent souvent de loin, et qu'ils montrent que la question de la liberté  est interrogée depuis très longtemps, qu'elle n'est pas résolue, hélas, mais que toujours, nous les humains, gardons l'espérance.



Entre tous mes tourments entre la mort et moi
Entre mon désespoir et la raison de vivre
Il y a l’injustice et ce malheur des hommes
Que je ne peux admettre il y a ma colère
[…]
Tu ne supportais pas l’oppression ni l’injure
Tu chantais en rêvant le bonheur sur la terre
Tu rêvais d’être libre et je te continue.
Paul Eluard. Dit de la force de l’amour

L'obscurité ne peut pas chasser l'obscurité, seule la parole peut y parvenir.
La haine ne peut pas chasser la haine, seul l'amour peut y parvenir.
Martin Luther King



À l’heure où nous sommes, la guerre vient d’achever un travail sinistre qui remet la civilisation en question. Une haine immense emplit l’avenir. Le moment semble étrange pour parler de la paix. Eh bien ! jamais ce mot : Paix, n’a pu être plus utilement prononcé qu’aujourd’hui. La paix, c’est l’inévitable but. Le genre humain marche sans cesse vers la paix, même par la guerre. Quant à moi, dès à présent, à travers la vaste animosité régnante, j’entrevois distinctement la fraternité universelle. Les heures fatales sont une clairevoie et ne peuvent empêcher le rayon divin de passer à travers elles.
...
Nous aurons l’esprit de conquête transfiguré en esprit de découverte ;nous aurons la généreuse fraternité des nations au lieu de la fraternité féroce des empereurs ; nous aurons la patrie sans la frontière, le budget sans le parasitisme, le commerce sans la douane, la circulation sans la barrière, l’éducation sans l’abrutissement, la jeunesse sans la caserne, le courage sans le combat, la justice sans l’échafaud, la vie sans le meurtre, la forêt sans le tigre, la charrue sans le glaive, la parole sans le bâillon, la conscience sans le joug, la vérité sans le dogme, Dieu sans le prêtre, le ciel sans l’enfer, l’amour sans la haine. L’effroyable ligature de la civilisation sera défaite ; l’isthme affreux qui sépare ces deux mers, Humanité et Félicité, sera coupé. Il y aura sur le monde un flot de lumière. Et qu’est-ce que c’est que toute cette lumière ? C’est la liberté. Et qu’est-ce que c’est que toute cette liberté ? C’est la paix.
Victor Hugo (Actes et paroles) 



"C'est étrange parce qu'il semble que sous la surface des combats de notre époque, des guerres fratricides, des antagonismes tribaux, de l'intolérance religieuse, de la violence raciale, de la disharmonie entre les sexes, nous attend toujours la découverte la plus banale qui soit : que nous sommes humains et que la vie est sacrée. Nous n'avons toujours pas découvert ce que signifie "être humain" et il semble que cette découverte banale soit la plus extraordinaire qui puisse être faite, car lorsque nous aurons appris ce que c'est qu'être humain, nous saurons ce que signifie être libre et nous saurons que la liberté est réellement le commencement de notre avenir commun."
Ben Okri (A way of being free)


Liberté

Paul Eluard
Sur mes cahiers d’écolier
Sur mon pupitre et les arbres
Sur le sable sur la neige
J’écris ton nom


Sur toutes les pages lues
Sur toutes les pages blanches
Pierre sang papier ou cendre
J’écris ton nom


Sur les images dorées
Sur les armes des guerriers
Sur la couronne des rois
J’écris ton nom


Sur la jungle et le désert
Sur les nids sur les genêts
Sur l’écho de mon enfance
J’écris ton nom


Sur les merveilles des nuits
Sur le pain blanc des journées
Sur les saisons fiancées
J’écris ton nom


Sur tous mes chiffons d’azur
Sur l’étang soleil moisi
Sur le lac lune vivante
J’écris ton nom


Sur les champs sur l’horizon
Sur les ailes des oiseaux
Et sur le moulin des ombres
J’écris ton nom


Sur chaque bouffée d’aurore
Sur la mer sur les bateaux
Sur la montagne démente
J’écris ton nom


Sur la mousse des nuages
Sur les sueurs de l’orage
Sur la pluie épaisse et fade
J’écris ton nom


Sur les formes scintillantes
Sur les cloches des couleurs
Sur la vérité physique
J’écris ton nom


Sur les sentiers éveillés
Sur les routes déployées
Sur les places qui débordent
J’écris ton nom


Sur la lampe qui s’allume
Sur la lampe qui s’éteint
Sur mes maisons réunies
J’écris ton nom


Sur le fruit coupé en deux
Du miroir et de ma chambre
Sur mon lit coquille vide
J’écris ton nom


Sur mon chien gourmand et tendre
Sur ses oreilles dressées
Sur sa patte maladroite
J’écris ton nom


Sur le tremplin de ma porte
Sur les objets familiers
Sur le flot du feu béni
J’écris ton nom


Sur toute chair accordée
Sur le front de mes amis
Sur chaque main qui se tend
J’écris ton nom


Sur la vitre des surprises
Sur les lèvres attentives
Bien au-dessus du silence
J’écris ton nom


Sur mes refuges détruits
Sur mes phares écroulés
Sur les murs de mon ennui
J’écris ton nom


Sur l’absence sans désir
Sur la solitude nue
Sur les marches de la mort
J’écris ton nom


Sur la santé revenue
Sur le risque disparu
Sur l’espoir sans souvenir
J’écris ton nom


Et par le pouvoir d’un mot
Je recommence ma vie
Je suis né pour te connaître
Pour te nommer

Liberté.

Paul Eluard

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