dimanche 29 novembre 2015

Astrologie mondiale 2016

La voilà, ce sera vendredi prochain, il ne faut pas la manquer, la conférence d'astrologie mondiale de Sylvie Lafuente Sampietro pour 2016.





J'ai déjà évoqué ce que Sylvie Lafuente Sampietro nous a dit l'an passé au regard des événements de l'année 2015 : http://associationaltair.blogspot.fr/2015/09/ou-en-sommes-nous-propos-sur.html

Mais bien sûr, le monde tourne très vite et les événements nous bousculent en permanence.
Nous avons l'occasion de nous poser avec cette conférence et de nous interroger calmement sur le sens des événements,sur notre réaction mais aussi sur ce que nous pouvons faire à notre niveau.

Puisque cette année nous porte à la réflexion, nous pouvons venir chercher des pistes nouvelles pour la nourrir et ne pas rester désorientés.




En voici quelques-unes, que je partage avec vous :

Nous posons-nous les bonnes questions ?
"Chaque question possède une force que la réponse ne contient plus." Elie Wiesel


Quelle attitude adopter face à la violence et à la douleur ?
"Quand vous êtes confronté à la perte,
à la frustration, à la douleur et au conflit,
faites appel à votre dignité.
Redressez-vous, tenez-vous bien droit,
la tête haute. Ayez du respect 
pour vous-même, de la patience
et de la compassion. Grâce à eux,
vous pouvez tout supporter."

Jack Kornfield






Devons-nous juger ceux qui se livrent à ces violences ?
"Juger, c'est de toute évidence ne pas comprendre puisque, si l'on comprenait, on ne pourrait pas juger." André Malraux


Quel avenir pour nos sociétés ?
"Nos sociétés sont malades dans leur rapport à la nature, elles sont malades dans leur rapport à la vie et au temps de la vie, elles sont dans la course alors qu’il est urgent de se poser, de ralentir, de s’interroger sur le devenir de la terre, du frater qui signifie notre famille humaine. Il est urgent de remplacer notre rapport au travail et à l’emploi par un rapport à ce que Hannah Arendt a défini comme une logique de l’œuvre, celle qui nous permet d’accomplir nos projets de vie, ce qui est aussi le sens initial du terme « métier »".
Patrick Viveret



dimanche 22 novembre 2015

Espérance et liberté

Après avoir écouté la belle émission de Jean-Claude Ameisen de samedi dernier, j'ai voulu reprendre ici certains des textes, tout simplement pour les partager.
Il y est question  de souffrance, de liberté, et d'espérance.
Ce qui est frappant, c'est que ces textes nous viennent souvent de loin, et qu'ils montrent que la question de la liberté  est interrogée depuis très longtemps, qu'elle n'est pas résolue, hélas, mais que toujours, nous les humains, gardons l'espérance.



Entre tous mes tourments entre la mort et moi
Entre mon désespoir et la raison de vivre
Il y a l’injustice et ce malheur des hommes
Que je ne peux admettre il y a ma colère
[…]
Tu ne supportais pas l’oppression ni l’injure
Tu chantais en rêvant le bonheur sur la terre
Tu rêvais d’être libre et je te continue.
Paul Eluard. Dit de la force de l’amour

L'obscurité ne peut pas chasser l'obscurité, seule la parole peut y parvenir.
La haine ne peut pas chasser la haine, seul l'amour peut y parvenir.
Martin Luther King



À l’heure où nous sommes, la guerre vient d’achever un travail sinistre qui remet la civilisation en question. Une haine immense emplit l’avenir. Le moment semble étrange pour parler de la paix. Eh bien ! jamais ce mot : Paix, n’a pu être plus utilement prononcé qu’aujourd’hui. La paix, c’est l’inévitable but. Le genre humain marche sans cesse vers la paix, même par la guerre. Quant à moi, dès à présent, à travers la vaste animosité régnante, j’entrevois distinctement la fraternité universelle. Les heures fatales sont une clairevoie et ne peuvent empêcher le rayon divin de passer à travers elles.
...
Nous aurons l’esprit de conquête transfiguré en esprit de découverte ;nous aurons la généreuse fraternité des nations au lieu de la fraternité féroce des empereurs ; nous aurons la patrie sans la frontière, le budget sans le parasitisme, le commerce sans la douane, la circulation sans la barrière, l’éducation sans l’abrutissement, la jeunesse sans la caserne, le courage sans le combat, la justice sans l’échafaud, la vie sans le meurtre, la forêt sans le tigre, la charrue sans le glaive, la parole sans le bâillon, la conscience sans le joug, la vérité sans le dogme, Dieu sans le prêtre, le ciel sans l’enfer, l’amour sans la haine. L’effroyable ligature de la civilisation sera défaite ; l’isthme affreux qui sépare ces deux mers, Humanité et Félicité, sera coupé. Il y aura sur le monde un flot de lumière. Et qu’est-ce que c’est que toute cette lumière ? C’est la liberté. Et qu’est-ce que c’est que toute cette liberté ? C’est la paix.
Victor Hugo (Actes et paroles) 



"C'est étrange parce qu'il semble que sous la surface des combats de notre époque, des guerres fratricides, des antagonismes tribaux, de l'intolérance religieuse, de la violence raciale, de la disharmonie entre les sexes, nous attend toujours la découverte la plus banale qui soit : que nous sommes humains et que la vie est sacrée. Nous n'avons toujours pas découvert ce que signifie "être humain" et il semble que cette découverte banale soit la plus extraordinaire qui puisse être faite, car lorsque nous aurons appris ce que c'est qu'être humain, nous saurons ce que signifie être libre et nous saurons que la liberté est réellement le commencement de notre avenir commun."
Ben Okri (A way of being free)


Liberté

Paul Eluard
Sur mes cahiers d’écolier
Sur mon pupitre et les arbres
Sur le sable sur la neige
J’écris ton nom


Sur toutes les pages lues
Sur toutes les pages blanches
Pierre sang papier ou cendre
J’écris ton nom


Sur les images dorées
Sur les armes des guerriers
Sur la couronne des rois
J’écris ton nom


Sur la jungle et le désert
Sur les nids sur les genêts
Sur l’écho de mon enfance
J’écris ton nom


Sur les merveilles des nuits
Sur le pain blanc des journées
Sur les saisons fiancées
J’écris ton nom


Sur tous mes chiffons d’azur
Sur l’étang soleil moisi
Sur le lac lune vivante
J’écris ton nom


Sur les champs sur l’horizon
Sur les ailes des oiseaux
Et sur le moulin des ombres
J’écris ton nom


Sur chaque bouffée d’aurore
Sur la mer sur les bateaux
Sur la montagne démente
J’écris ton nom


Sur la mousse des nuages
Sur les sueurs de l’orage
Sur la pluie épaisse et fade
J’écris ton nom


Sur les formes scintillantes
Sur les cloches des couleurs
Sur la vérité physique
J’écris ton nom


Sur les sentiers éveillés
Sur les routes déployées
Sur les places qui débordent
J’écris ton nom


Sur la lampe qui s’allume
Sur la lampe qui s’éteint
Sur mes maisons réunies
J’écris ton nom


Sur le fruit coupé en deux
Du miroir et de ma chambre
Sur mon lit coquille vide
J’écris ton nom


Sur mon chien gourmand et tendre
Sur ses oreilles dressées
Sur sa patte maladroite
J’écris ton nom


Sur le tremplin de ma porte
Sur les objets familiers
Sur le flot du feu béni
J’écris ton nom


Sur toute chair accordée
Sur le front de mes amis
Sur chaque main qui se tend
J’écris ton nom


Sur la vitre des surprises
Sur les lèvres attentives
Bien au-dessus du silence
J’écris ton nom


Sur mes refuges détruits
Sur mes phares écroulés
Sur les murs de mon ennui
J’écris ton nom


Sur l’absence sans désir
Sur la solitude nue
Sur les marches de la mort
J’écris ton nom


Sur la santé revenue
Sur le risque disparu
Sur l’espoir sans souvenir
J’écris ton nom


Et par le pouvoir d’un mot
Je recommence ma vie
Je suis né pour te connaître
Pour te nommer

Liberté.

Paul Eluard

dimanche 15 novembre 2015

Ombre et lumière




Sur ton passage tu annihiles tout.
N'est-ce pourtant toi, Mort,
Qui rend unique tout d'ici ?
Cette nuit-même, n'est-ce toi
La brise qui parcourt les sentiers,
Le nuage, qui, flottant, cache les étoiles,
Le parfum de tilleul qui soudain étouffe,
Les lucioles égarées là
Sur l'étang de la mémoire...
Ce brame déchirant cœurs et reins,
Biche blessée cédant à l'invite,
D'un lit de mousse sans fond,
Au sein de l'aveuglante clairière.


François Cheng (La vraie gloire est ici)


dimanche 8 novembre 2015

Des cycles rassurants


"Fais de moi ta lyre, comme l'est la forêt;
Qu'importe si mes feuilles tombent, 
comme les siennes !
Le tumulte de tes puissantes harmonies

tirera de tous deux un son profond d'automne,
Doux, malgré sa tristesse. Sois, âme farouche,
Mon âme ! Sois moi-même, vent impétueux !

Chasse mes pensées mortes par-dessus l'univers,
Feuillage desséché d'où renaisse la vie !
Et, par l'incantation de ces vers,

Disperse, comme d'un foyer inextinguible,
Cendres et étincelles, mes paroles parmi l'humanité !
Sois par mes lèvres, pour la terre assoupie encore,

La trompette d'une prophétie ! Ô, Vent,
Si vient l'hiver, le printemps peut-il être loin ?"


P.B.Shelley (extrait de "Ode au vent d'Ouest")





Ce poème parle de la renaissance, de l'espérance qui naît au sein des grands tourments.
Il me fait penser à la vie des premiers hommes qui guettaient tous les matins le soleil pour voir renaître la lumière. A  tous ces hommes qui ont compris qu'au plus fort de l'hiver et du froid, il y avait toujours l'espérance que le printemps revienne.




Je pense aussi aux cycles de la vie, que l'astrologie nous apprend à découvrir et repérer : chaque cycle que nous pouvons suivre dans le ciel correspond en nous à des cycles que nous expérimentons et qui nous aident à progresser.
Les cycles des planètes se lisent aussi sur le monde avec ses soubresauts, ses moments de crise et ses moments d'espoir.
L'astrologie nous apprend que nos douleurs et nos difficultés ne sont pas figées et qu'elle passeront, se transformeront, et finiront par être apaisées. Les cycles à l'image de celui des saisons nous montrent que tout peut renaître. Le poème de Shelley nous parle magnifiquement de cette renaissance qui nous attend comme une prophétie.



dimanche 1 novembre 2015

Un seul corps



Si nous voulons devenir totalement nous-mêmes, nous devons revendiquer le corps - et même considérer que sa douleur et ses limites sont les nôtres. Alice Miller, qui consacra sa vie à mettre en valeur notre être authentique, nous dit que ce corps est une clé :

"La vérité de notre enfance est conservée dans notre corps; bien que nous puissions la réprimer, jamais nous ne pourrons l'altérer. Notre intellect peut être trompé, nos sentiments manipulés, nos conceptions troublées et notre corps mystifié par des médicaments. Mais un beau jour, notre corps va nous présenter l'addition car il est incorruptible comme un enfant qui, l'esprit entier, n'accepte aucun compromis ni aucune excuse. Il ne cessera de nous tourmenter jusqu'à ce que nous arrêtions de fuir la vérité."  




Vivre avec sagesse au jour d'aujourd'hui, dans son propre corps, tel qu'il est dans cette vie, c'est ce que nous propose Pema Chödrön, avec cette compréhension qu'elle nomme : "la sagesse de ne pas fuir".

" Il est utile de réaliser qu'ici, assis en méditation ou accomplissant les choses simples de tous les jours _ travailler, marcher dehors, parler aux gens, manger, aller aux toilettes _ est en fait exactement ce dont nous avons besoin pour être pleinement éveillés, totalement vivants, parfaitement humains. Il est utile de réaliser également que le corps que nous possédons, ce corps qui est assis ici-même, maintenant, dans cette pièce, ce corps qui est parfois douloureux et cet esprit que nous avons à l'instant même sont exactement ce qu'il nous faut pour être totalement humains, totalement éveillés et totalement vivants. En outre, les émotions que nous avons juste à l'instant, qu'elles soient négatives ou positives, sont ce dont nous avons réellement besoin. C'est exactement comme si nous cherchions alentour quelle pourrait être la plus grande richesse qu'il nous serait possible d'avoir pour mener une vie décente, bonne, totalement satisfaisante, énergique et inspirée, et que nous trouvions cette richesse ici même". 




Tsongkhapa, grand maître tibétain du passé, disait : "Ce corps humain est plus précieux que le plus rare des joyaux. Soigne ton corps; il est à toi pour cette fois seulement...une belle chose qui meurt."


"Le bourgeon
existe pour toutes les choses,
même pour celles qui ne fleurissent pas, 
car tout fleurit de l'intérieur, de par sa propre bénédiction;
cependant il est parfois nécessaire,
de réapprendre à une chose sa beauté,
de poser une main sur le contour
d'une fleur
et de lui redire en paroles et en touchers
qu'elle est belle
jusqu'à ce qu'elle fleurisse à nouveau, de l'intérieur,
de par sa propre bénédiction;
comme Saint-François
qui posa la main sur le front plissé
de la truie lui offrant par la parole et le toucher
les bénédictions de la terre pour les truies; alors la truie
commença à se souvenir de son corps volumineux,
allant de son groin plein de terre, toujours dans la nourriture et la fange,
jusqu'à la délicate courbure de sa queue...
la grande et parfaite beauté d'une truie."
Galway Kinnell




Et après ce texte magnifique sur la bénédiction de notre corps, nous voyons bien que si nous voulons accéder à la sagesse, nous devons intégrer l'aspect sacré du corps.

"Un corps me fut donné." La découverte de ce don, l'étonnement qu'il suscite, et l'expérience que nous pouvons en faire, nous conduit à un remerciement, à la suite d'Ossip Mandelstam :


"M'est donné un corps, que devrais-je en faire,
Un corps si un, un corps si mien ?

Pour la joie douce, de respirer et vivre, 
Dites-moi, à qui, dois-je rendre grâce ?

C'est moi le jardinier, et moi la fleur,
Dans la prison du monde, je ne suis pas seul.

Et sur les vitres de l'éternité
Mon souffle et ma chaleur se sont posés

Un léger dessin s'y sera fixé
Et qu'on ne reconnait plus désormais.

Mais qu'elle s'écoule, de l'instant la buée
Ce précieux dessin, on ne peut l'effacer."




Le texte m'a été inspiré par Jack Kornfield (Après l'extase, la lessive) et le dernier poème par Fabrice Midal (cité dans Etre au monde - 52 poèmes pour méditer)