dimanche 29 mars 2015

Rumî et les abeilles

Un petit livre de Christian Bobin qui s'intitule "La lumière du monde".
De courts articles sur des sujets très divers mais toujours la poésie très particulière de Christian Bobin. Et un de ces textes qui attire mon attention, sur Rumî : il en parle si bien !





"Djalal al-Din Rumî, le grand maître de la mystique soufie du XIIIe siècle, est peut-être pour moi le poète des poètes, parce qu'on le lit sans penser une seconde à la poésie.Il est plus attirant pour moi que la plus belle des filles. On devrait même m'arrêter parce que je le lis, parce qu'il me donne un sentiment d'ironie par rapport au monde. Le savoir est plongé dans le cœur de Rumî, ce qui fait que son cœur devient une toupie. Il fait ce que Maître Eckhart se contente de dire. Ses poèmes sont comme les gouttes d'eau qui jaillissent de la salade qu'on essore, la salade étant son cœur. Rumî est si épris de l'instant que c'est comme s'il était lui-même la source de Dieu.




 C'est une étoile qui explose en projetant une bruine de diamants : il y a à la fois un chaos, un souffle comme celui d'une bombe, une grande destruction de tout, un éparpillement énorme et une unité absolue.  Ce qui rend cette unité dans l'éclatement de tout absolument incontestable, c'est l'ivresse ou la joie. Lire Rumî, c'est être jeté en l'air avec les fusées de son écriture, comme la rose sort de la rose par son parfum. Tout se mélange et en même temps tout est à sa vraie place, comme au cœur d'une rose ou d'un cyclone. On dirait qu'il a traversé vraiment le ciel de la logique. Ce que j'aime dans sa pensée, c'est son mouvement, semblable à celui du va-et vient des abeilles entre la ruche et le pré qui peut se trouver à plusieurs kilomètres. Au fond, la ruche est un peu comme un monastère, fait de cellules minuscules, avec au-dessus le bourdonnement de la prière, et les abeilles sont un peu comme des religieuses. Il y a des milliers d'extases devant une ruche, qui sont comme une danse d'ivresse.  Quant aux abeilles, elles sont comme des danseuses soufies, on peut aussi penser à elles comme à de grandes mystiques."





Que dire de plus, sinon de lire Rumî !

dimanche 22 mars 2015

Propos sur le thème natal et la personnalité

Un atelier astrologique vendredi dernier dont le thème était : "Découvrir notre personnalité" nous a donné l'occasion de quelques réflexions sur la finalité de l'astrologie et sur la personnalité.




Chacun a pu découvrir en lui à travers son thème quelques personnages de son royaume intérieur comme son roi, sa reine, son ministre de l’intérieur et son territoire mais aussi sentir plus largement cette vision de l'homme que nous propose l'astrologie humaniste.

"Chacun de nous naît parce que l'univers a besoin de ce qu'il est potentiellement, à l'endroit ou au moment où il est né" nous dit Ruperti.

Notre thème natal est le mandala d'une vie individuelle. Il contient tout notre univers avec toutes ses potentialités.
"Chaque thème est le meilleur au regard de la finalité qu'il représente " (Dane Rudhyar)

Nous sommes en synchronicité avec l'univers et en particulier avec le ciel qui nous a vu naître. Les planètes dans notre thème sont des acteurs de notre personnalité qui prennent des couleurs (les signes) et se manifestent dans des domaines  de l'existence (les maisons). Elles nouent des relations entre elles (les aspects).

Notre thème natal est comme une carte routière qui nous guide sur le territoire de notre vie. Il nous aide a faire évoluer notre personnalité.
Évoluer dans quelle direction ?




Voici les réponses de maîtres soufis : Pir et Hazrat Inayan Khan.

" Faites de votre personnalité une oeuvre d art."

"Une personnalité attrayante est aussi précieuse que l'or et aussi délicieuse qu'un parfum."

"Alors que tout le monde pose des questions sur le voisin, le mystique se pose des questions sur lui-même."


Sylvie Lafuente Sampietro lors d'une conférence à Romans

Nous avons assisté vendredi à un atelier pratique mais aussi a l'expression d'une philosophie de vie.



Un autre atelier animé par Sylvie Lafuente Sampietro est prévu le 5 mai sur le thème : "Quel sens a ma vie ? De notre kharma à notre dharma".Vous pouvez vous inscrire via le mail de l'association.

dimanche 15 mars 2015

L'éthique

J'ai trouvé dans le livre de Fabrice Midal sur la philosophie sorti très récemment (Comment la philosophie peut nous sauver. 22 méditations décisives) une définition très claire de l'éthique.


Fabrice Midal


Voici deux extraits de son texte :

"Nous avons perdu de vue la dimension éthique originaire que les Grecs ont su penser et que je crois indispensable de retrouver - et qui est tout aussi loin de la moralité que de l'immoralité.
L'éthique, nous dit Aristote, ne consiste nullement à déterminer ce que j'ai ou non le droit de faire , mais à découvrir une juste façon d'être. En ce sens, l'éthique nous engage à agir de la manière la plus juste et authentique possible - ce qui se décide à neuf à chaque fois."


Aristote


"Le savoir vivre ou l'intelligence de la situation".

Parmi les différentes vertus qui permettent d'agir de manière éthique, il en est une éminente, portant sur le fait même d'exister - qu'Aristote nomme phronèsis. Ce terme est habituellement traduit par "prudence". Je mets quiconque au défi de comprendre par ce mot ce qu'Aristote veut dire ici de profondément génial.
Il ne s'agit nullement d'être prudent. Il s'agit d'avoir un coup d’œil pénétrant, d'être avisé, d'avoir l'intelligence de la situation - que nous appelons plus couramment la conscience morale.
Aristote souligne à quel point ce savoir très spécifique vient de l'expérience, à la différence par exemple du savoir mathématique. Ainsi, dit-il, s'il n'y a de science que du général, la phronèsis est l'intelligence du particulier.
Vous pouvez savoir une fois pour toutes comment on calcule la surface du cercle, mais pour savoir comment agir dans une situation donnée, il faut être chaque fois en rapport avec ce qui a lieu précisément.
Pierre Aubenque, l'un des grands commentateurs d'Aristote, explique : "Serait-ce parce que l'homme n'est pas un dieu qu'il doit se contenter d'une sagesse appropriée à sa condition, la phronèsis ? La tragédie grecque était pleine d'interrogations de ce genre : qu'est-il permis à l'homme de connaître, que doit-il faire dans un monde où règne le hasard, que peut-il espérer d'un avenir qui lui est caché, comment rester l'homme que nous sommes dans les limites de l'homme ?".
Autrement dit, cette intelligence de la situation repose sur le savoir que, pour tout être humain, il n'y aura jamais de certitudes ou de manuel de comportement.
Notre fascination pour les résultats de la science nous conduit à déconsidérer cette connaissance si profondément humaine sous prétexte qu'elle n'est pas déterminable mathématiquement ni sujette à prédiction.
Fascinant paradoxe : nous comprenons habituellement l'éthique comme ce qui, reposant sur une réflexion rationnelle, pourrait nous donner une assurance indiscutable. or c'est exactement le contraire : l'éthique nous engage à nous relier le mieux possible, avec intelligence, à une situation par définition unique. Et les grands actes de résistance, par exemple contre le nazisme pour ceux qu'on appelle désormais les Justes, n'ont pas été des actions longuement réfléchies à l'aide de calculs rationnels. Ils ont été une réponse à un appel irrépressible : "Je ne pouvais pas faire autrement", qui s'accordait à la vérité de la violence du temps. Nous croyons que la morale consiste à suivre une loi extérieure nous disant si telle action ou telle autre est juste : elle est, affirme Aristote, la découverte de la loi qui nous est propre.
Troublant paradoxe : l'éthique ne nous est pas une loi externe, elle est ce qui nous accorde, nous et nous seul, à ce moment précis, au monde.
Tel est ce qu'on désigne en vérité par sagesse : le fait d'être juste dans les situations les plus concrètes de la vie quotidienne."


Talking buds de Fabienne Verdier


J'apprécie énormément ce genre d'analyse simple et abordable qui peut être comprise aisément par tous et cette définition de l'éthique personnelle, venant tout droit d'Aristote en est un bel exemple.

samedi 7 mars 2015

Le quotidien sacré

Je partage avec vous cette semaine de très beaux  textes sur les questions que nous pose le quotidien et ce qui fait le mystère de la nature et du monde. 
Je les ai découverts lors d'une émission des Racines du ciel en 2009 dont l'invité était Abdennour Bidar.
Qu'est-ce que sacraliser nos vies ? était la question de l'entretien.
A chaque fois que nous libérons un nouvel espace d'expression pour la vie, lorsque nous cherchons à exprimer nos possibilités, à devenir nous-mêmes, à quoi consacrer notre vie, nous participons à l'activité créatrice divine.
Mais laissons parler les poètes, ils savent parler à nos âmes et nous faire comprendre le monde.





Extrait du "Livre du pèlerinage" de Rainer Maria Rilke

"Et cependant quoique chacun essaye d'échapper à soi-même
comme d'une prison qui nous enferme dans sa haine
Il est de par le monde un grand miracle : je le sens.
Toute vie est vécue. Qui donc la vit ?
Seraient-ce les choses qui tel un air que l'on ne joua
restent le soir comme dans une harpe ?
Seraient-ce les vents que les eaux nous envoient ?
Seraient-ce les branches qui se font signe ?
Seraient-ce les fleurs qui tissent leur parfum ?
Seraient-ce les longues allées qui vieillissent ?
Seraient-ce les bêtes chaudes qui marchent ?
Seraient-ce les oiseaux qui inconnus s'envolent ?
Qui donc la vit ?
Est-ce Dieu ? Qui vit la vie ?
Tous ceux qui trébuchent t'éprouvent
 et ceux qui te trouvent te lient à l'image et au geste.
Mais je veux, moi, te comprendre comme la terre te comprend.
En même temps que je mûris mûrît ton règne.
Je ne veux de toi nulle chose vaine qui te prouve.
Je sais que le temps porte un autre nom que toi,
Ne fais nul miracle pour moi.
Donne raison à tes lois qui de génération en génération
se font plus lisibles."


A ce magnifique poème fait écho un texte de Mohammed Iqbal, poète pakistanais, qui questionne le sens du sacré dans nos vies :

"Ça commence par Dieu qui s'adresse à l'homme :
_ J'ai fait le monde, d'eau et d'argile.
Tu as fait l'Iran, la Tartarie et l'Ethiopie.
J'ai placé dans le sol le minerai de fer
Tu as fait l'épée, la flèche et le fusil.
Tu as fait la hache pour l'arbre de la prairie
Tu as fait la cage pour l'oiseau chanteur.
Et l'homme répond :
_ Tu as créé la nuit et j'ai fait la lampe
Tu as créé l'argile et j'ai fait la tasse
Tu as créé les déserts, les montagnes et les forêts,
J'ai fait les vergers, les jardins et les bosquets.
C'est moi qui transforme la pierre en miroir
C'est moi qui transforme le poison en antidote,
Dieu a fait le monde, l'homme l'a fait plus beau encore.
L'homme est-il destiné à devenir le rival de Dieu ?"




J'y ajoute cette pensée de Christiane Singer qui suit le même chemin :  
"Je ne crois pas grand chose. Je ne crois en vérité qu'une seule chose. Cette certitude a coulé partout, a tout imbibé. Pas un fil de l'existence n'est resté sec. Elle tient en deux mots : la vie est sacrée"





dimanche 1 mars 2015

Soirée étoilée cosmique

Je n'ai pu assister à la soirée étoilée du 20 février dernier.
Laurence m'a fait parvenir ses impressions et je vous les livre : j'ai beaucoup aimé retrouver à travers ses mots l'ambiance qui fait toute la magie de ces soirées.
J'ai eu l'impression d'y avoir participé moi aussi. Merci donc à Laurence pour ce beau partage !



"Une fois le groupe réuni au complet, une vingtaine de personnes, adultes, enfants, ados,  nous nous sommes mis en marche sur un sentier arboré. Nous étions environ à 500m d'altitude ..
Il faisait presque nuit, une  bise légère nous accompagna tout  au long de cette marche joyeuse et animée ..Je sentais une griserie m'envahir peu à peu ;  les ados étaient  blagueurs, la nuit, les étoiles, l'altitude, le groupe ,ont nourri  une ambiance particulière  , tout à fait  propice,  à vivre de grands moments !

En chemin,nous avons fait plusieurs petites pauses pendant lesquelles nous nous laissions  envahir par des émotions inhabituelles. L'une d'elles nous a permis de découvrir juste au dessus de la colline, Vénus et Mars, alignées ;  Mars apparaissait  plus colorée. C'est comme si  elles nous avaient attendus, et nous avaient fait un clin d’œil avant de se coucher !..La marche était ponctuée de rires, et de soupirs de ravissement, car plus nous avancions, plus le ciel devenait scintillant et paré de tous ses joyaux.



Arrivés au point de vue , une vingtaine de minutes après, Sylvie nous a guidés  d'explications claires ,et ludiques , et nous nous tournions vers le Nord  pour visualiser Jupiter, majestueuse,  imposante  et lumineuse.

Nous avons observé la différence entre la vision des planètes : masse brillante et stable, et celle des étoiles, scintillant sans cesse comme Sirius , et la belle constellation d' Orion avec sa ceinture .
Nous avons pu localiser aussi  Aldébaran, Bételgeuse, Rigel, et aussi les Pléiades dont Sylvie étayait les positions par des exemples de récits mythologiques et légendaires ;

Se tournant vers le Sud, nous avons vu la Grande Ourse et pu repérer  l'Etoile Polaire , point de référence céleste.

Le regard s'habituant  au noir, le ciel est apparu  de plus en plus  lumineux . Lorsque Sylvie nous  a demandés  de nous" connecter" avec les astres et les planètes, d'un élan commun et instantané, un grand silence s'est installé; ce moment  fut impressionnant,  d'autant  que régnait jusque là une ambiance festive, de l’excitation , avec des rires qui fusaient ça et là ...



La magie a opéré, et nous a réunis dans cet instant . La griserie de ce moment, la beauté et la fraîcheur de la nuit, ce contact avec l'incommensurable, ont  transformé  cette sensation subtile, en une expérience  de contact profond avec notre Moi intérieur et  avec notre Conscience Céleste et Universelle.
 Et c'est  emplis de cette nouvelle énergie, légère et vivifiante, que nous sommes tous redescendus de ce très joli  point de vue; plus riches de ce  partage d'une grande beauté , et d'une énergie intérieure renouvelée...



Merci Sylvie, cette escapade hivernale nous a permis de nous reconnecter, grâce à une expérience fraternelle et  conviviale, réchauffés de thé chaud, de friandises et de la bienveillante transmission de ta passion, Nous sommes repartis plus légers et aussi baignés  de cette extraordinaire sensation de communion   avec le ciel. Nous avons pu tendre un fil invisible vers les étoiles, et peut être pour certains d'entre nous,  aller à la rencontre de  notre identité cosmique ...