dimanche 29 juin 2014

La flamme et le papillon



Les paraboles nous permettent souvent de comprendre la vie et ses mystères.
Celle des papillons racontée par Jean-Claude Carrière, et qui a pour origine Le magnifique ouvrage d'Attar : La conférence des oiseaux dont je vous ai déjà parlé, en est un des plus beaux exemples.



"Un jour, les papillons se réunirent tourmentés par le désir de s'unir à la bougie.

Un premier papillon alla jusqu'au château lointain et il aperçut à l'intérieur la lumière d'une bougie.
Il revint, raconta ce qu'il avait vu.
Mais le sage papillon qui présidait la réunion dit que cela ne les avançait guère.
Un deuxième papillon alla plus près de la bougie. Il toucha de ses ailes la flamme et la bougie fut victorieuse. Il revint, les ailes brûlées, et raconta son voyage.
Mais le sage papillon lui dit :
"Ton explication n'est pas plus exacte."
Alors, un troisième papillon se leva, ivre d'amour. Il s'élança sur ses pattes de derrière et se jeta violemment sur la flamme.
Ses membres devinrent rouges comme le feu.
il s'identifia avec la flamme.
Alors, le sage papillon, qui avait regardé de loin, dit aux autres :
" Il a appris ce qu'il voulait savoir. Mais lui seul le comprend. 
Et voilà tout." 



C'est la parabole de la connaissance. Il faut le désir de sortir de sa condition, de connaître autre chose et être empli d'amour. Puis viennent les trois étapes de la connaissance. Et enfin, pour celui qui a appris, cette connaissance est inexprimable, on ne peut la communiquer et elle s'obtient au prix de la mort (d'une transformation profonde).
Tout est dit, voilà tout !



dimanche 22 juin 2014

Rien ne sert de la fuir

C'est une histoire qui parle de la mort, elle est d'origine persane et racontée par Jean-Claude Carrière dans le cercle des menteurs. 





Ce soir à Samarkand


C'est Fariduddin qui raconte cette histoire.
Un matin, le khalife d'une grande ville vit accourir son premier vizir dans un état de vive agitation. Il demanda les raisons de cette apparente inquiétude et le vizir lui dit :
_ Je t'en supplie, laisse-moi quitter la ville aujourd'hui-même.
_ Pourquoi ?
_ Ce matin, en traversant la place pour venir au palais, je me suis senti heurté à l'épaule. Je me retournai et je vis la mort qui me regardait fixement. 
_ La mort ?
_ Oui, la mort. Je l'ai bien reconnue, toute drapée de noir avec une écharpe rouge. Elle est ici, et elle me regardait pour me faire peur. Car elle me cherche, j'en suis sûr. Laisse-moi quitter la ville à l'instant même. Je prendrai mon meilleur cheval et je peux arriver ce soir à Samarkand.
_ Etait-ce vraiment la mort ? En es-tu sûr ?
_ Totalement sûr. Je l'ai vue comme je te vois. Je suis sûr que tu es toi et je suis sûr qu'elle était elle. Laisse-moi partir. Je te le demande.




Le khalife, qui avait de l'affection pour son vizir, le laissa partir. L'homme revint à sa demeure, sella le premier de ses chevaux et franchit au galop une des portes de la ville, en direction de Samarkand.
Un moment plus tard, le khalife, qu'une pensée secrète tourmentait, décida de se déguiser, comme il le faisait parfois, et de sortir de son palais. Tout seul, il se rendit sur la grande place au milieu des bruits du marché, il chercha la mort des yeux et il l'aperçut, il la reconnut. Le vizir ne s'était aucunement trompé. Il s'agissait bien de la mort, haute et maigre, de noir habillée, le visage à demi dissimulé sous une écharpe de coton rouge. Elle allait d'un groupe à l'autre dans le marché sans qu'on la remarquât, effleurant du doigt l'épaule d'un homme qui disposait son étalage, touchant le bras d'une femme chargée de menthe, évitant un enfant qui courait vers elle.
Le khalife se dirigea vers la mort. Celle-ci le reconnu immédiatement, malgré son déguisement, et s'inclina en signe de respect.
_ J'ai une question à te poser, lui dit le khalife, à voix basse.
_ Je t'écoute.
_ Mon premier vizir est un homme encore jeune, en pleine santé, efficace et probablement honnête. Pourquoi, ce matin, alors qu'il venait au palais, l'as-tu heurté et effrayé ? Pourquoi l'as-tu regardé d'un air menaçant ?
La mort parut légèrement surprise et répondit au khalife :
_ Je ne voulais pas l'effrayer. Je ne l'ai pas regardé d'un air menaçant.Simplement, quand nous nous sommes heurtés par hasard dans la foule et que je l'ai reconnu, je n'ai pas pu cacher mon étonnement, qu'il a dû prendre pour une menace.
_ Pourquoi cet étonnement ? demanda le khalife ?
_ Parce que, répondit la mort, je ne m'attendais pas à le voir ici. J'ai rendez-vous avec lui ce soir à Samarkand.



lundi 16 juin 2014

Soirée poétique





Deux artistes, Alain le créateur de sons de noir vêtu, comme un griot qu'on dirait tout droit sorti de son désert. Jean-Philippe, le grand suisse costaud, tout en sensibilité et en émotion.

Un ensemble d'instruments qui attirent la curiosité, de l'énorme gong au cruchon, en passant par les cloches et le sanza, sans oublier cymbales et timbale.
Et donc une grande curiosité sur cette rencontre.

La musique est un spectacle en soi et nous emporte immédiatement vers un monde plus sauvage et plus essentiel.




Puis viennent s'installer sur ces sons les poèmes de Jean-Philippe qui nous racontent une histoire : celle de la nature, de la relation, de l'harmonie du monde et de l'accord des êtres. La pluie, le torrent, le volcan, la flamme, toute les éléments résonnent avec les émotions de la rencontre.
Et les sons viennent merveilleusement s'assembler à l'histoire, et le monde des sensations avec la gestuelle d'Alain : ces ronds sur le gong, ces archers qui caressent les cloches, les mains qui frottent le cruchon, le sanza tour à tour joué, caressé et soufflé, l'ordinateur qui modifie la perception. Magie de sentir ce qui sort de ces gestes étonnants. Nous sommes portés par l'énergie de la nature qui s'exprime ici.

Puis ils nous expliquent comment est venue l'idée de ce spectacle, comment ils l'ont menée à bien.
Alain nous dit comment les rythmes différents du musicien et du conteur doivent trouver un point de rencontre. Et comment se construit une structure pour le spectacle, un cadre qui va permettre une souplesse dans l'interprétation. Et tous deux expriment le bonheur de rassembler les deux univers qui vont s'enrichir l'un l'autre.
Et pour terminer, ils nous redonnent à apprécier leur accord avec quelques improvisations .




Nous sommes réellement emportés par cette poésie et par la beauté de cet ensemble.
Pour finir, nous nous sommes tous retrouvés, astrologues ou non, suisses ou français, musiciens et poètes pour nous désaltérer après cette chaude soirée et pour discuter encore de ce beau moment.
L'été peut commencer, nous avons déjà fait notre fête de la musique et de la poésie !




lundi 9 juin 2014

Le monde comme il va

Il est difficile de trouver dans l'observation des événements du monde une cohérence, difficile de prendre du recul et de se placer au-dessus pour comprendre les enjeux du moment. Et pourtant, nous disposons d'une aide précieuse : l'astrologie mondiale.

Thème du 23/04/2014

Je vous propose de revenir sur la conférence d’astrologie mondiale de fin 2013.
Nous avons beaucoup parlé de l'importance du cycle Pluton/Uranus entre 2013 et 2015, avec Pluton en Capricorne et Uranus en Bélier.
Nous constations également sur les cartes du ciel de 2014 qu’un grand carré était actif principalement en  avril 2014. Cette figure, qui peut entraîner de fortes tensions nous avait alertés, à juste raison, car ces tensions se sont bien manifestées avec force au cours de ce printemps.
C’est pour cette raison que je reprends une partie de la conférence qui éclaire ce qui s’est passé et nous montre que, comme souvent au niveau mondial, la gestion des crises n’est pas à la hauteur de ce que nous pourrions espérer. 
Je vous propose de revenir sur quelques événements politiques significatifs, en n’oubliant pas que ce cycle couvre beaucoup d’autres domaines.



Ce que nous disait la conférence Au sujet du carré Pluton /Uranus :
Le cycle actuel a débuté en 1965/1966 et nous en sommes au carré soit à la phase où nous vivons une crise d’action et d’engagement. Quelle forme allons-nous donner à la créativité initiée en 1965 ?
Une organisation mondiale existe et il nous faut choisir une nouvelle façon de voir le monde, trouver de nouvelles actions. Il faut se tourner vers l’avenir et faire des choix, même mauvais.
Mais c’est un moment de grande tension dans le monde qui pousse à se battre et à conquérir, avec la conquête de nouvelles actions, mais aussi la conquête du pouvoir, de territoires, du monde… Il nous faut gérer des pulsions de conquête un peu partout.

Retour à la guerre froide ? _ Désolé, nous ne voulons plus affronter un ours bi-polaire


Que constate-t-on depuis 2013 dans le monde :

La Chine, très concernée par ce cycle, se réoriente sur ses moyens de conquérir et de se protéger. Et l’on voit les conflits qui sont apparus au sujet des îles avec le Japon en 2013 et récemment avec le Vietnam (îles Senkaku et îles des Paracels).
Du côté de la Syrie, la crise a été très largement utilisée par les Russes et Vladimir Poutine pour manipuler les Etats-Unis et l’Europe en 2013. La situation semble figée depuis.
En Ukraine, on a la même manipulation du même Poutine sur les mêmes Etats-Unis et l’Europe, toujours avec un désir de conquête. Il peut se permettre d’annexer des régions entières sans grandes conséquences et faire comme s’il n’avait aucune influence sur ce qui se passe dans le pays. Là encore, il est bien difficile de trouver de nouvelles actions qui permettraient d’éviter cette prise de pouvoir cachée. Ce carré entre Pluton et Uranus sera encore actif jusqu'en 2015, nous verrons ce qui advient d'ici-là.



Comment ces crises sont-elles gérées ?

Nous avons à chaque fois des difficultés à être lucides sur les enjeux de pouvoir. Il est très difficile d’y voir clair dans la situation comme par exemple en Ukraine : qui prend réellement le pouvoir ? N’est-ce pas le président russe qui fait comme s’il ne voulait que le bien des peuples et en profite pour annexer des régions ?
Sylvie Lafuente Sampietro nous disait d’avoir en avril 2014 et jusqu’en 2015 une grande vigilance par rapport à la conquête du pouvoir et des territoires. 
Il faut savoir se placer par rapport à ces actions conquérantes. L’objectif de ce cycle est d’aller de l’ombre de la manipulation vers l’authenticité et la transparence. Cela devrait nous apporter un monde plus clair par rapport à la responsabilité du pouvoir, par rapport aux frontières.
Tout se passe comme si chacun pressentait ce qui se passe sans le voir vraiment et comme si les politiques se sentaient impuissants face à cette volonté de conquête et cette prise de pouvoir qui ne s’affirme pas. Nous sommes bien loin encore de la transparence et de l’authenticité, clés de ce cycle Uranus/Pluton. On ne sent pas d’actions innovantes et de politique claire et transparente d’un côté comme de l’autre.
Nous n’avons pas de recul sur ces événements. Cependant, une bonne gestion de la crise demanderait plus de créativité et le choix d’une ligne claire de part et d'autre, ce qui n'est pas franchement le cas.





L'exemple du cycle précédent peut-il nous éclairer ?

Nous pouvons aussi regarder ce qui s’est joué dans les cycles antérieurs avec les mêmes planètes et on peut constater que les guerres mondiales que le cycle précédent a engendrées ne sont pour le moment pas d’actualité et même si certains ont pu se poser la question récemment, il semble que la manipulation du pouvoir au niveau mondial passe par d’autres armes aujourd'hui. La diplomatie et les enjeux économiques en font partie.


Je n'ai regardé ici qu'une petite partie, sans doute la plus visible de ce cycle, mais il intervient dans de nombreux autres domaines : scientifique, écologique, énergétique…
Nous verrons également comment ce moment du cycle Pluton/Uranus peut s'appliquer à chacun de nous.

« Le développement et la démocratie sont étroitement liés et une opinion publique bien informée est une composante essentielle de la démocratie. » Kofi Annan



dimanche 1 juin 2014

Ecrire


Créer, c'est se laisser traverser par l'inspiration. D'où vient cette inspiration ? On ne sait pas vraiment, de l'univers qui nous inspire, de nos souvenirs, de ce que nous vivons...
Ce très beau texte de Rainer Maria Rilke que j'ai découvert il y a quelque temps nous raconte cette inspiration et ce moment de grâce de la création d'un poème.
Il faudra oser, après l'avoir lu, tenter d'écrire malgré tout... 




"Pour écrire un seul vers, il faut avoir vu beaucoup de villes, d’hommes et de choses, il faut connaître les animaux, il faut sentir comment volent les oiseaux et savoir quel mouvement font les petites fleurs en s’ouvrant le matin. Il faut pouvoir repenser à des chemins dans des régions inconnues, à des rencontres inattendues, à des départs que l’on voyait longtemps approcher, à des jours d’enfance dont le mystère ne s’est pas encore éclairci, à ses parents qu’il fallait qu’on froissât lorsqu’ils vous apportaient une joie et qu’on ne la comprenait pas (c’était une joie faite pour un autre), à des maladies d’enfance qui commençaient si singulièrement, par tant de profondes et graves transformations, à des jours passés dans des chambres calmes et contenues, à des matins au bord de la mer, à la mer elle-même, à des mers, à des nuits de voyage qui frémissaient très haut et volaient avec toutes les étoiles, – et il ne suffit même pas de savoir penser à tout cela. Il faut avoir des souvenirs de beaucoup de nuits d’amour, dont aucune ne ressemblait à l’autre, de cris de femmes hurlant en mal d’enfant, et de légères, de blanches, de dormantes accouchées qui se refermaient. Il faut encore avoir été auprès de mourants, être resté assis auprès de morts, dans la chambre, avec la fenêtre ouverte et les bruits qui venaient par à-coups. Et il ne suffit même pas d’avoir des souvenirs. Il faut savoir les oublier quand ils sont nombreux, et il faut avoir la grande patience d’attendre qu’ils reviennent. Car les souvenirs eux-mêmes ne sont pas encore cela. Ce n’est que lorsqu’ils deviennent en nous sang, regard, geste, lorsqu’ils n’ont plus de nom et ne se distinguent plus de nous, ce n’est qu’alors qu’il peut arriver  qu’en une heure très rare, du milieu d’eux, se lève le premier mot d’un vers."

Rainer Maria Rilke (Les Cahiers de Malte Laurids Brigge (1910)