mardi 28 août 2012

Victor Hugo


L'Ardèche en juillet, le soleil, le tilleul pour nous protéger et un groupe de personnes formant une grande famille d'âmes.
La rivière nous attend passée la porte rouge et notre tente est bien installée sous le tilleul.
Voici très succinctement planté, le décor du stage sur Pluton.
Pour nous aider dans notre quête, Sylvie et Jean-Philippe, bien sûr.
Mais également de grandes figures qui nous ont protégées tout au long de la semaine : Jung et Victor Hugo furent de ceux-là.
Victor Hugo, très marqué par Pluton dans son thème natal ( Soleil et Vénus conjoints, Jupiter et Saturne opposés), nous a accompagnés à chaque étape de notre découverte.
Voici quelques traces de ce chemin qu'il a suivi avec nous, grâce à ses paroles.

"De quelque mot profond tout homme est le disciple", nous prévient-il. Avec lui, nous avons eu le choix !
Lorsque la loi du silence a fait long feu, que l'on devient lucide sur ce qui se passe sans se dire, le niveau de l'authenticité peut être atteint, et il nécessite d'agir :
"Il vient une heure où protester ne suffit plus. Après la philosophie, vient l'action."

Il ne devient plus nécessaire de fuir, la douleur peut être acceptée :
"On passe une moitié de sa vie à attendre ceux qu'on aimera et l'autre moitié à quitter ceux qu'on aime.  "
"La vie n'est qu'une longue perte de tout ce qu'on aime."

Pour pouvoir avancer, il faut être armé et avoir une éthique :
"la liberté consiste à choisir entre deux esclavages : l'égoïsme et la conscience. Celui qui choisit la conscience a la liberté."
Et plus on avance, plus on devient vivant :
"Le plus grand ennui, c'est d'exister sans vivre."

On découvre au passage que Pluton, c'est la lignée des femmes, la puissance du matriarcat :
"La femme a une puissance singulière qui se compose de la réalité de la force et de l'apparence de la faiblesse."
Nous découvrons également qu'avec Pluton, on ne s'ennuie pas et qu'on rit beaucoup :
"Le rire est une chose sérieuse avec laquelle il ne faut pas plaisanter." nous disait Raymond Devos.

Et au bout du chemin, nous retrouvons Victor Hugo :
"Chaque homme dans sa nuit s'en va vers sa lumière."

Pour terminer, cette phrase qui nous a tellement étonnés par sa modernité :
"La liberté d'aimer n'est pas moins sacrée que la liberté de penser." 

Notre chemin, cette semaine-là, avait été dessiné par de grands hommes.


dimanche 19 août 2012

En attendant la rentrée...

Ce conte livré par Henri Gougaud dans "L'arbre d'amour et de sagesse" nous parle de l'existence simultanée et nécessaire en nous du bien et du mal.



L'arbre

Dans un pays aride s'élevait autrefois un arbre prodigieux.
Sur la plaine, on ne voyait que lui, largement déployé entre les blés et le ciel. Personne ne savait son âge.
Des femmes stériles venaient parfois le supplier de les rendre fécondes, les hommes en secret cherchaient auprès de lui des réponses à des questions inexprimables, mais personne jamais ne goûtait à ses fruits.
Ils étaient pourtant magnifiques, si luisants et dorés le long de ses deux branches maîtresses qu'ils attiraient les mains et les bouches des enfants ignorants.
Eux seuls osaient les désirer. On leur apprenait alors l'étrange et vieille vérité.
La moitié de ses fruits était empoisonné. Or tous, bons ou mauvais, étaient d'aspect semblable.
Des deux branches ouvertes en haut du tronc énorme, l'une portait la mort, l'autre portait la vie, mais on ne savait laquelle nourrissait et laquelle tuait. Et donc on regardait, mais on ne touchait pas.
Vint un été trop chaud, puis un automne sec, puis un hiver glacial. La famine envahit le pays. Seul sur la plaine, l'arbre demeura immuable. Aucun de ses fruits n'avait péri.
Les gens, voyant ce vieux père miraculeusement rescapé des bourrasques, s'approchèrent de lui, indécis et craintifs. Ils se dirent qu'il leur fallait choisir entre le risque de tomber foudroyés, s'ils goûtaient aux merveilles dorées qui luisaient parmi les feuilles, et la certitude de mourir de faim, s'ils n'y goûtaient pas.
Comme ils se laissaient aller en discussions confuses, un homme dont le fils ne vivait plus qu'à peine osa soudain s'avancer. Sous la branche de droite il cueillit un fruit, le croqua et resta debout, le souffle bienheureux. Alors tous à sa suite se bousculèrent et se gorgèrent des fruits sains de la branche de droite qui repoussèrent aussitôt, à peine cueillis, parmi les verdures bruissantes.
Les hommes s'en réjouirent infiniment. Huit jours durant ils festoyèrent, riant de leurs effrois passés.
Ils savaient désormais où étaient les rejetons malfaisants de cet arbre : sur la branche de gauche. Leur vint une rancune haineuse. À cause de la peur qu'ils avaient eu d'elle, ils avaient failli mourir de faim. Ils la jugèrent bientôt aussi inutile que dangereuse. Un enfant étourdi pouvait un jour se prendre à ses fruits mortels que rien ne distinguait des bons. Ils décidèrent donc de la couper au ras du tronc, ce qu'ils firent avec une joie vengeresse.
Le lendemain tous les bons fruits de la branche de droite étaient tombés et pourrissaient dans la poussière. L'arbre amputé de sa moitié mauvaise n'offrait plus au grand soleil qu'un feuillage racorni. Son écorce avait noirci.
Les oiseaux l'avaient fui. Il était mort.