dimanche 10 juin 2012

Voir la réalité



Face à la perte d'un être cher, il semble que rien ne puisse nous consoler.
Voici un conte spirituel qui met en scène le Bouddha et qui montre que devant la réalité, il ne reste plus qu'à accepter et continuer sa vie.


Un jour une femme vint trouver le Bouddha et le supplia de redonner la vie à son fils de 5 ans qui venait de mourir.
"Assurément, il y avait une erreur", criait-elle, dans sa douleur. "Cet enfant avait tout à vivre. Pourquoi lui plutôt qu'elle, ou quelqu'un d'autre de ses parents ?"
Le Bienheureux lui répondit :
"Tu reverras ton fils pourvu que tu mendies pour moi une graine de moutarde et qu'elle te soit offerte par quelqu'un, homme ou femme, qui n'a jamais pleuré aucun mort sous son toit."
La mère s'en fut donc de maison en maison, de village en village. On lui offrit des graines de moutarde autant qu'elle en voulait, mais elle eut beau marcher, elle ne put trouver demeure que le deuil n'ait jamais frappé. Point de palais ni de cabane, d'auberge ou de grotte d'ermite qui n'ait un jour abrité un défunt.
Elle s'en revint bredouille devant le Bienheureux.
"Je sais bien, lui dit-elle, à chaque naissance, un mort, c'est la loi et nul n'y peut rien. Mais sais-tu ce que c'est qu'une mère ? Sais-tu ce qu'elle souffre de voir son enfant mourir sur son sein ?
Mon fils n'a pas assez vécu, mort à 5 ans, je dois lui manquer."
"Nous allons lui demander s'il désire te revenir, répondit le Bouddha. Femme, j'en fais le serment : si c'est sa volonté, il te sera rendu."
Le Bienheureux tendit devant lui les bras et l'esprit du mort apparut couché au creux des maisons. Il avait l'air de sommeiller.
"Enfant, ta mère te demande".
"De qui me parle-t-on, répondit l'enfant. J'ai vécu tant de vies. Je fus le fils d'une louve et d'une ânesse grise, le fils d'une reine aussi, d'une jeune putain et d'une mendiante folle, de mille paysannes et de tant d'autres encore. Dis, quelle mère veut que je revienne à elle ? Et pourquoi le ferais-je ? Réponds-lui que ma route est longue, et que je ne peux pas m'attarder."
La mère s'en revint chez elle, le Bouddha à sa méditation, l'enfant à son chemin.



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