samedi 28 mai 2011

Conte pour les mères et leurs enfants

 Pour la fête des mères, un conte, quoi de mieux ? Livré par Henri Gougaud, un maître conteur. Bonne fête à toutes les mamans et bonne lecture à tous !

Comment Vieux-Père et Vieille-Mère cachèrent

le secret de la vie




Sachez qu’aux premiers temps Vieux-Père et Vieille-Mère, après avoir créé animaux et forêts, se mirent en devoir de pétrir l’être humain. Ils façonnèrent un corps doué de quatre membres, un visage à sept portes par où entendre, voir, sentir et savourer, ils lui donnèrent un cœur, un esprit conquérant.

Quand tout fut comme il faut : Voilà, dit Vieille-Mère, un admirable enfant.

Mais il n’est pas complet.

Il nous faudrait placer quelque part dans son corps sa conscience divine.

Où la mettrons-nous, Vieux-Mari ?

Vieux-Père un long moment se gratta la crinière, puis il grogna et répondit :

Mieux vaudrait la cacher. Certes, l’homme est un dieu, puisqu’il est né de nous. Mais le savoir divin est précieux et fragile. Je crains de le laisser au turbulent caprice de notre premier fils et des fils de ses fils. Tels que je les pressens, ils le gaspilleront, l’abîmeront peut-être. À bien y réfléchir, je préfère cacher leur conscience divine à la cime du mont le plus haut d’ici-bas. Ainsi elle sera protégée des mauvais usages possibles, et nous pourrons dormir sans souci excessif.

Vieille-Mère se prit à rire : Oh Vieux-Père ! Oh naïf ! Je connais mes enfants, mon cœur sait tout déjà de leurs folies futures ! Ils grimperont un jour sur tous les monts du monde.



Avant qu’il soit midi dans la vie de la Terre, ils la découvriront, leur conscience divine ! Vieux-Père soupira, puis il grogna deux fois et répondit enfin : Femme, tu as raison. Il nous faut un abri moins venteux, moins visible. Je déposerai donc cet infini savoir au fond le plus profond du plus vaste océan, chez les poissons aveugles. Nos fils n’iront jamais dans ces trous sans soleil.

- Mon pauvre vieux mari répondit Vieille-Mère, quel candide tu es ! J’ai porté nos enfants, je connais leur grandeur. Un jour, ils bâtiront des vaisseaux prodigieux. Il n’est pas une pierre au fond de l’océan qu’ils ne retourneront pour voir ce qu’elle cache. Ils la découvriront leur conscience divine ! Vieux-Père fit la moue, demeura silencieux quatre ou cinq millénaires, enfin grogna trois fois, l’œil soudain allumé.

- Au cœur le plus brûlant du désert le plus nu, dit-il, content de lui. Là ils ne viendront pas. Là leur divinité pourra vivre tranquille, intacte, inexplorée.

- As-tu donc réfléchi si longtemps pour cela ? répondit Vieille-Mère. Oh, fou attendrissant ! Connais-tu bien tes fils ? Un jour, dans le désert ils planteront des tours, des cités, des jardins, des télescopes bleus, des arrosoirs géants !

Ils domestiqueront le sable et le soleil. Un marmot trouvera un matin, sous son pied, leur conscience divine, et tu seras le seul à t’en éberluer !



Vieux-père se sentit soudain désemparé. Il resta rechigné quelques années-lumières, enfin leva le front, et que vit-il, à l’est, par la lucarne ouverte ? Le soleil qui sortait des brumes de la nuit. Un arbre s’ébroua dans le matin naissant, une feuille tomba dans le ruisseau fringant qui traversait le pré. Vieux-Père rit enfin. Il dit à Vieille-Mère : Regarde la lumière. Sait-elle qu’elle brille ? Regarde le ruisseau. Que sait-il de la soif ? Dans le souffle et le sang de tes fils, vieille femme, au tréfonds de leur être, au plus chaud de leur cœur je dissimulerai leur conscience divine. Et comme le soleil ignore son éclat, comme l’eau ne sait pas qu’elle donne vie au monde, nos fils ignoreront cette divinité lumineuse et féconde dont je les ai pétris.

Vieille-Mère un moment resta le regard vague, puis elle hocha la tête et répondit pincée : La cachette est subtile. J’avoue que pour le coup nos fils auront du mal à trouver son chemin. Et tandis que Vieux-Père allait à son jardin, elle cogna l’air du poing sur le pas de la porte et dit pour elle seule, avec une vaillance à nouveau jubilante : Oh, ils y arriveront. Je connais mes enfants, c’est moi qui les ai faits.

Il leur faudra du temps, mais confiance, confiance !

© Henri Gougaud


Ce conte provient du site http://www.cles.com/chroniques  et les images du film : Les contes de terremer de Goro Miyazaki, lui-même inspiré du beau livre d'Ursula K. Le Guin : Terremer.

lundi 23 mai 2011

De la puissance à la connaissance de soi

Quelques réflexions que l'actualité de ces derniers jours me suggère, sur l'aventure de l'homme.



Notre route n'est pas toujours facile, mais c'est la nôtre :
"La route qui monte et la route qui descend est une : c'est la même." HÉRACLITE

Tout commence par  un jeune homme qui cherche à vivre son destin :
"Au matin de la vie, le jeune homme se sépare douloureusement de sa mère et de son foyer pour s'élever, en luttant, jusqu'à la hauteur à laquelle il était destiné. Il s'imagine avoir devant lui son pire ennemi, alors qu'il le porte en lui-même : aspiration dangereuse vers sa propre profondeur, aspiration à s'abîmer dans sa propre source, à être attiré vers en-bas, dans le royaume des mères." C.G. JUNG (Métamorphoses de l'âme et ses symboles).

Ce n'est pas sans combats, il a beaucoup à comprendre :
"L'homme accidentel intervient, s'immisce, manipule, force. Il paie son ingérence en termes de stress et d'anxiété et il vit sur une espèce de volcan intérieur. L'homme qui a saisi sa propre essence se détend et vit sans combats, sans efforts égocentriques. Il n'est pas un "faiseur." OSHO RAJNEESH


Peut-être s'attache-t-il trop aux plaisirs et possessions et ne connait-il pas de limites :
"L'homme qui s'attache à cueillir les plaisirs comme des fleurs, est saisi par la mort qui l'emportera comme un torrent débordé emporte un village endormi." BOUDDHA (Dhammapada)

 
Lorsque vient la chute, l'arrêt en plein vol, vient le temps d'écouter :
"Moi, je n'ai pas dit "oui" !
Pauvre Créon !
Avec mes ongles cassés et pleins de terre
et les bleus que tes gardes m'ont fait aux bras,
avec ma peur qui me tient le ventre, 
moi, je suis reine." JEAN ANOUILH (Antigone)








Espérons qu'alors il verra où se situe la lumière ?
"La sagesse, au sens de Pluton, c'est une manière de descendre et de pénétrer toujours plus profondément sa propre réalité. Que la lumière soit enfuie dans ce que nous considérons comme ténèbres, c'est là le secret de l'Hadès." ERIC BERRUT (Le chemin de soi)

Il pourra ensuite choisir sa voie : reprendre son ascension ou partir en quête de ce trésor.

mercredi 18 mai 2011

De l'impuissance à l'insurrection : la suite


 Je crois qu'un retour vers cette conférence riche et pleine de sens pour la période que nous vivons s'impose. La soirée passe vite et ensuite, il faut tenter de retrouver ces messages et ces questions qui nous ont interpellés le 21 avril. Voici quelques points de la conclusion que j'aimerais partager à nouveau avec vous.
Au cours de sa conférence, Sylvie Lafuente Sampietro  abordait les thèmes sur lesquels  Pluton en Capricorne nous amène. Puis elle nous invitait à sentir comment ces thèmes peuvent être utilisés par l’énergie que nous apporte Uranus.




Ce  passage de Pluton en Capricorne vers Uranus en Bélier se traduit selon elle comme une articulation entre :
  • un travail d’authenticité avec  Pluton, qui vient de sa descente en enfer avec la confrontation à l’ombre   et qui conduit à la puissance qui permet de rejaillir en regardant la transmutation qui s’est effectuée  (en rappelant qu'avec Pluton, il faut être très méthodique, choisir une bataille accessible et ne pas se laisser happer par l’ombre ).
  • Et le passage vers Uranus qui va avoir pour but de trouver l’inspiration pour aller vers l’insurrection,  car Uranus est  le génie créateur, le visionnaire, il nous demande d'oser la liberté de penser.



    Il faut trouver comment articuler les deux pour que l'insurrection soit vraiment puissante et efficace. Quel type d'insurrection ?
    Pas celle qui après la révolte, retourne vers les mêmes schémas, comportements ou dirigeants.
    Uranus nous met au défi de trouver les idées, de l’ordre de l’insurrection avec la puissance de transformation du monde  pour obtenir des réponses à : « que faire ? »
    Il nous faut ressentir l’énergie d’Uranus et qu’elle ne parte pas dans des combats inutiles, qui n’aient  pas de sens. 
    Comment éveiller quelque chose qui ait du sens pour transformer ce qui ne convient plus?

    Comment le traduire pour chacun d’entre nous ?
    Nous sommes tous concernés par ce défi de transformation : aller chercher en nous les moyens de nous révolter dans un combat juste et  trouver les idées qui nous permettent de mettre à profit  notre transformation. Les idées de chacun pourront devenir ainsi un jour les idées de tous…
    Comment faire par exemple pour que l’Europe se réveille ?





    Voyons ce qui se passe au Japon :
    Pluton avec ses forces qui viennent de la terre, des océans et de l’utilisation du nucléaire nous remet en face de la puissance cachée dans la matière.
    Ce qui était invisible est devenu visible : comment peut-on assurer la sécurité mondiale face à cette énergie qui doit être utilisée avec une grande  maîtrise et une perception juste de ses effets ?
    Cette nouvelle perception met les Japonais face à des défis qui leur rappellent ceux de 1945 et leur demandent de se réveiller. Comme le disait C.G. Jung : "Ce qu'on ne veut pas savoir de soi-même finit par nous arriver de l'extérieur comme un destin.".
    Et  tous les thèmes qu'ils n'étaient pas pressés d’aborder deviennent d’une urgence et d’une priorité capitale : l’énergie, le climat, la société de consommation à l’extrême...
    Je terminerai donc avec ce commentaire lu dans Courrier International sur "mimei" : le point du jour.
     
    "mimei"

    « Ce mot désigne le moment particulier de la nuit où l’on pressent confusément l’arrivée de l’aube. C’est le moment où selon le poète shinobi Orikuchi, les jeunes prêtresses, dans les temps anciens, faisaient appel à leur asame, leurs yeux du matin, pour lire le sort, faste ou néfaste, réservé au nouveau jour qui s’annonce. Aujourd’hui, voici ce qui se dit au Japon : bien qu’un tremblement de terre soit un événement intrinsèquement conjoncturel, l’état de désolation  qui s’ensuit est saisi par l’ensemble des Japonais comme un moment de rupture radicale qui inaugure une nouvelle ère pour la modernité. Rupture par rapport à quoi et qui mène où ?
    Un immense effort est fait , précisément pour la penser, à tous les niveaux de la société. Pour le dire autrement, la merveilleuse vision de la prêtresse a été remplacée par un déploiement tous azimuts de la réflexivité, transformant chacun d’entre nous en un penseur social, de l’économique, du politique, de l’environnemental. Ne serait-ce que pour cela, l’aube finira par advenir. » ( extrait de l’article de Kazuhiko Yatabe dans Courrier International N° 1071).



    lundi 16 mai 2011

    La fête de l'été d'Altaïr

    Le mois de juin est propice à la fête !



    Pour nous, c'est la fête de l'été, traditionnellement placée près du solstice , mais pas le même jour pour éviter de faire de l'ombre à la fête de la musique ...

    Cette année, c'est donc le 24 juin, notre local est déjà là pour nous accueillir, et le Fréquence café nous prépare le repas.



    Vous n'avez plus qu'à vous inscrire et à venir, seul, à deux ou en famille !

    Pas de thème particulier cette année, nous sommes heureux de nous retrouver, nous aurons juste à nous amuser.

    Et en discutant entre nous de cette soirée, nous avons repensé à cette phrase d'Osho que Nadège nous avait citée lors d'une de nos petites fêtes :

    «Vous ne pouvez être que ce que vous êtes. Détendez-vous ! L'existence a besoin de vous tel que vous êtes.»

    Et nous avons ainsi choisi de vous demander de venir tels que vous êtes...

    Toute l'équipe vous donne rendez-vous le 24 juin à partir de 20h00 à notre local.

    Pour réserver, nous adresser un chèque de réservation du montant du repas qui sera encaissé après la fête : 16 € pour les adhérents Altaïr, 21 € pour les non adhérents.

    lundi 9 mai 2011

    La lumière et la voix

    Nous rencontrons parfois sur notre chemin des voix qui nous parlent le langage de l'âme.

    Et la lumière se fait alors en nous plus claire, notre propre voix devient plus audible.
    Voici comment Hazrat Inayat Khan, grand maître soufi, parle de notre lumière intérieure :





    "C'est l'âme même du voyant qui devient une torche dans sa main; c'est sa propre lumière qui éclaire son chemin. C'est projeter le faisceau lumineux dans des coins obscurs restés jusque-là dans l'ombre pour les rendre clairs et lumineux. C'est jeter la lumière sur des problèmes jusque-là incompris, c'est voir à travers les autres comme avec des rayons X, alors qu'ils étaient une énigme jusque-là. Celui qui contemple cette merveille voit l'expression du divin dans chaque visage, tout comme on entrevoit le peintre dans son tableau."

    Grâce à la musique, il nous invite à comprendre comment devenir disciple :

    "J'ai abandonné la musique parce que j'ai reçu d'elle tout ce que j'avais à en recevoir. Pour servir Dieu, on doit sacrifier la chose la plus chère, et j'ai sacrifié la musique, la chose la plus chère pour moi...
    Alors chaque âme devint pour moi une note musicale et toute vie fut attirée par mes paroles, les écoutant, au lieu d'écouter mes chants. Maintenant, si je fais quelque chose, c'est d'accorder les âmes au lieu d'accorder les instruments, harmoniser les gens au lieu d'harmoniser les notes...
    J'ai joué de la vîna jusqu'à ce que mon coeur se transforme  en ce même instrument. Puis j'ai offert cet instrument au Musicien Divin, le seul Musicien existant. Depuis lors, je suis devenu sa flûte et quand il choisit, il joue Sa musique."

                              hazrat2_19.jpg

    Laissons-nous imprégner par cette musique...

                                   

    Et si cette voix vous parle également, deux livres de Hazrat Inayan Khan figurent dans notre bibliothèque : "La vie intérieure" et " Un thème de méditation".